Les premiers collages apparaissent dès le XVIIIème siècle dans l’univers de la décoration, puis ils rejoindront plus tard le monde des Beaux-Arts, lorsque certains artistes (Georges Braque, Pablo Picasso), issus du mouvement cubiste décideront d’intégrer des collages à leurs dessins ou tableaux. («Nature morte à la chaise cannée» signée Picasso est considérée comme le 1er collage. On est en 1912.)
Par la suite, de nombreux mouvements artistiques de l’après 1ère guerre mondiale vont expérimenter le collage: pour certains il devient un outil idéologique (dadaïsme, constructivisme), pour d’autres l’expression d’une certaine vision du monde (futurisme) ou encore le révélateur d’une autre réalité plus onirique (surréalisme). Parmi les précurseurs par exemple, Hannah Höch, artiste plasticienne dada, recyclait des chutes, patrons de couture et autres pour élaborer des compositions souvent teintées d’humour et pour dénoncer le machisme de son temps.
Max Ernst, dès 1920, réalise ses premiers collages en réutilisant des gravures et publications du siècle précédent. D’abord lié au mouvement dada, il a composé de nombreux collages au sein du mouvement surréaliste. André Breton, Louis Aragon. Jacques Prévert, ont joué aussi avec les images, comme avec les mots.
Aujourd’hui le collage a perdu son aspect «révolutionnaire»; il fait partie intégrante des Beaux-Arts.
La technique du collage nous offre une liberté totale: En choisissant et en mélangeant des images chargées d’une réalité intrinsèque, nous leur permettons d’exister ensemble dans un nouvel espace artistique offrant au spectateur une lecture nouvelle, souvent en décalage total avec le contenu d’origine.
Les fragments utilisés perdent leur identité d’origine pour, ensemble, en retrouver une nouvelle dans un univers où les limites de l’imagination sont continuellement repoussées.
Moyen d’expression à part entière, le collage artistique va alors puiser son efficacité dans l’humour, l’anachronisme, la poésie… dans le but de faire réfléchir, ou jouer avec les perceptions du spectateur et créer un univers imaginaire. Dans le sillage du mouvement surréaliste, le goût pour la liberté et la quête poétique nous permettent, grâce au lâcher-prise, d’exprimer la pensée sans aucune censure.
Et en allant «plonger» au coeur du «magasin d’images et de signes» (des mots de Charles Baudelaire qui encourageait les artistes et écrivains de son temps à le faire), nous cotoyons la Pop Culture, et donc aussi un reflet de notre époque.
Collage réalisé en 2018 (planche «concept déco» proposée pour un nouveau concept d’espace commercial attaché à une marque) – D. Loukidis
En choisissant de ne travailler que des photomontages manuels issus d’éléments découpés, je fais le choix délibéré de ne pas préméditer du résultat, mais au contraire, par la recherche et la manipulation, de laisser venir naturellement la composition et l’idée. En outre, cette «matière première» permet également d’être utilisée en technique mixte, en complément, par exemple, de la peinture, ou tout autre medium à disposition.
On rejoint ainsi un second parti pris qui consiste à utiliser le matériel à disposition parmi la très grande quantité d’images que la société de consommation met à notre disposition au quotidien (magazines, journaux, cartons décorés…): ce recyclage constitue précisément une des composantes importantes de mon travail, et rejoint directement l’esprit du collage.
Une fois les différents éléments assemblés dans une composition qui fonctionne, et qui répond aussi à une certaine aspiration esthétique, je passe à l’étape «aplatissement». Le montage est ainsi «écrasé», et le résultat magnifié. Cette opération consiste en la numérisation de qualité haute résolution dans un laboratoire photographique.
Toutes les pièces présentées dans la galerie sont des tirages d’art réalisés ensuite à partir du collage numérisé, en séries limitées, numérotés et signés, prêts à accrocher.
